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Interwiews

Interview avec Monsieur Arndt, pour la partie géologie

Nicholas Arndt - Géologie

Le 27 janvier 2016, nous avons interrogé M. Nicholas Arndt, Professeur et Chercheur à l'Université Joseph Fourier de Grenoble. Il nous a permis d'avoir une approche plus scientifique du sujet et de mieux comprendre les zones d'ombre qu'il nous restait à éclaircir

Interview avec Madame Foucrier, pour la partie Histoire-géographie

Annick Foucrier - Histoire

Le 1er février 2016, Sam Rashidi et Dan Revcolevschi ont eu la chance de rencontrer Annick Foucrier, historienne à la Sorbone, au CRHNA (Centre de recherches d'histoire nord-américaine). Nous avons pu lui poser quelques questions auxquelles elle a répondu avec plaisir tout en nous éclairant et en nous donnant sa vision du phénomène historique qu'est la Ruée vers l'or. Nous avons ensuite réécrit et seléctionné les informations pour rédiger le compte-rendu ci-dessous.

 

La Californie aurait-elle pu être ce qu’elle est aujourd’hui sans la ruée vers l’or ?

Probablement. La Californie a des atouts importants notamment sa proximité avec le Mexique et ses ports qui ont permis le développement du Commerce. Certaines études démontrent que sans la ruée vers l’or, le développement économique aurait été plus lent mais serait arrivé au même stade.

La ruée a surtout permis le développement politique de la Californie. En effet, la loi américaine exige qu’il y ait 60 0000 habitants pour créer un état et la ruée vers l’or a permis à la Californie d’atteindre immédiatement ce seuil. A partir de ce moment, une convention se rassemble à Monterey, une constitution est rédigée, des représentants (sorte de députés) et des sénateurs sont nommés.

 

L’or est découvert à peine quelques semaines avant que la Californie ne devienne américaine. Est-ce une pure coïncidence ?

L’or a été découvert avant la signature du traité de Guadalupe Hidalgo du 2 février 1848 qui organise la vente aux Etats-Unis. Mais à cette époque, les nouvelles ne circulent pas vite et ce n’est qu’à partir de la confirmation de la découverte en décembre par le président J. Polk que la découverte devient officielle et provoque la ruée.

 

Comment la région s’est-elle développée ?

Quelles ont été les impacts négatifs de la ruée vers l’or sur les populations et  l’environnement ?

Les premiers à souffrir sont les populations indiennes qui sont massacrées. Quand elles ne sont pas tuées, les immigrants envahissent leurs territoires et ils sont chassés, souffrent de maladies et de famines. La haine contre les indiens vient d’abord de la méconnaissance. Parmi les tribus, on retrouver les schumash dans la région de Santa Barbara qui étaient de grands pécheurs, d’autres étaient plutôt chasseurs ou vivaient de cueillette. 

 

Les indiens ont –ils revendiqué l’or comme une ressource qui leur appartenait ?

Pour eux, l’or n’avait pas d’importance puisqu’il n’avait pas d’utilité. Ils échangeaient l’or qu’ils trouvaient contre des vêtements ou des outils bien plus utiles pour eux. La valeur de l’objet est liée à son utilité pour chaque utilisateur  c’est un principe économique toujours en vigueur.

 

L’or n’a donc pas de valeur en lui-même ?

Il n’a que la valeur que chacun lui donne. Il a des propriétés physiques particulières : il est résistant, facile à travailler. Pour autant, il n’est pas utile dans la vie de tous les jours, trop mou pour faire des armes… Au final, il se caractérise par sa brillance et l’image qu’il projette ; il est finalement d’abord une marque de puissance. Les Européens qui ont voyagé savent qu’il a une valeur économique universelle et c’est bien son utilité.

 

La portée de la ruée vers l’or a-t-elle dépassé les frontières californiennes ?

Clairement, l’impact en sera mondial. Les personnes arrivent du monde entier pour trouver de l’or et la richesse liée à la découverte se diffuse dans le monde entier. Parmi les immigrants, nombreux sont ceux qui repartent, parfois riches, parfois moins.

 

Etait-ce rare de voir des familles entières partir ?

Au début, la population est d’abord masculine : on trouve 8% de femmes et 2% dans les mines. Les hommes partaient d’abord puis étaient rejoints par le reste de la famille à partir de 1852. J’ai eu l’occasion de comparer les recensements de 1850 et de 1852 et on observe très nettement l’augmentation de la part des femmes et des enfants.

 

Certains faits marquants ont-ils accéléré le développement de la famille en dehors de la ruée vers l’or ?

Dans les phénomènes de migration, on parle de Pull and Push. Certains phénomènes créent de l’attractivité alors que d’autres poussent au départ. Les mauvaises récoltes, les impôts trop lourds, un deuil peuvent conduire au départ. Le voyage coûte alors très cher, la plupart empruntent. Ils prévoient donc simplement d’aller trouver de l’or en Californie et de rentrer riches dans leur pays

 

Qu’ont apporté les Français de la ruée vers l’or ?

Avant la ruée vers l’or, la Californie était mexicaine. Très vite la population a été submergée. Mais quelques lois ont été conservées. Chacun apportait ses traditions.  C’est ainsi que les français vont se distinguer. Plus qualifiés, souvent plus cultivés, ils occupent vite des fonctions commerciales et administratives. Ils apportent la mode, la cuisine dont le vin et le champagne qui marqueront la Californie.

A Mokelumne Hill (comté de Calaveras dans la région des mines) en 1853, on trouvait une boulangerie, une brasserie et un hôpital français.

 

Qu’appelait-on les lingots?

A Paris, des loteries s’organisent dont le premier prix est un lingot d’or et qui permettent de payer des  voyages pour la Californie. 3000 gagnants ont pu ainsi partir. Au-delà de ces trois mille chanceux, le message est clair : on peut devenir riche en Californie. Certains choisissent alors de partir.

Il faut savoir que la France vit un pic démographique et qu’il n’y a pas assez de travail pour la population. Le gouvernement encourage ceux qui désirent partir à s’installer dans des colonies françaises où la main d’œuvre était en manque afin de ne pas « perdre » des personnes qualifiées.

Comment sont accueillies les autres populations ?

L’exemple des Chinois illustre la détérioration des conditions d’arrivée des nouveaux chercheurs d’or. Au début ils sont très bien vus : ils apportent une main d’œuvre peu chère mais les mines se tarissent et les Américains commencent à voter des lois contre les nouveaux arrivants et les actes racistes sont de plus en plus nombreux.  Beaucoup de Mexicains et de Chiliens arrivés parmi les premiers chercheurs d’or vont subir de terribles violences. On est alors dans un monde très désorganisé car c’est un tout nouvel Etat sans police et sans justice. Des comités de vigilance se mettent en place en 1851 et 1856 pour lutter contre la criminalité. Progressivement, les hommes font venir leurs familles, la société s’organise.

Vos informations ont bien été envoyées !

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